- réfractaire
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• 1539; lat. refractarius, de refringere « briser »I ♦ (Personnes)1 ♦ RÉFRACTAIRE À : qui résiste, refuse d'obéir, de se soumettre à. ⇒ rebelle. Il est réfractaire aux ordres, à l'autorité, à la loi.♢ Par ext. Qui résiste, est insensible à. Il est réfractaire aux influences. ⇒ inaccessible. « Marie n'était pas réfractaire à toute émotion esthétique » (A. Gide).2 ♦ (1791) Prêtre réfractaire, qui avait refusé de prêter serment à la constitution civile du clergé en 1790. ⇒ insermenté.♢ (1805) Conscrit réfractaire, qui refuse de se soumettre à la loi du recrutement. ⇒ insoumis. Être porté réfractaire. — Subst. Les réfractaires et les déserteurs.♢ Résistant (1941-1944) qui refusait le travail obligatoire en Allemagne pendant l'Occupation.II ♦ (Choses)1 ♦ (1762) Qui résiste à de très hautes températures. Métaux réfractaires (tungstène, tantale). Brique réfractaire.2 ♦ Physiol. Qui ne réagit pas à un stimulus. — Méd. Maladie réfractaire, qui ne réagit pas aux traitements essayés.⊗ CONTR. Docile, obéissant. Fusible.Synonymes :- rétifQui est incapable de comprendre, de connaître certains sentiments, certains...Synonymes :- étranger- fermé- imperméable- rebelle- sourdContraires :- doué- ouvert- sensible● réfractaire adjectif et nom Se disait des prêtres qui, pendant la Révolution française, avaient refusé de prêter serment à la Constitution civile du clergé. Sous le Consulat et l'Empire, conscrit qui s'efforçait d'échapper au service militaire. Pendant la Seconde Guerre mondiale, citoyen qui se dérobait au Service du travail obligatoire en Allemagne. ● réfractaire nom masculin Matériau résistant aux températures élevées. ● réfractaire (synonymes) adjectif et nom Se disait des prêtres qui, pendant la Révolution française, avaient...Synonymes :- insermentéréfractaireadj.d1./d Qui refuse de se soumettre, d'obéir. être réfractaire à toute hiérarchie.d2./d Par ext. Qui est inaccessible, insensible (à qqch). Il est réfractaire aux conseils qu'on lui prodigue.d3./d Qui résiste à de très hautes températures. Une brique réfractaire.⇒RÉFRACTAIRE, adj.A. — [En parlant d'un être hum., d'un animal]1. Qui refuse d'obéir, de se soumettre. Synon. désobéissant, insoumis, rebelle. Réfractaire aux ordres du roi. Un religieux réfractaire aux ordres de son provincial (Ac.). [Dans le cas] où un Président du Conseil renversé par l'Assemblée dans les formes constitutionnelles refuserait de démissionner (...) la révocation du Président du Conseil par le Président de la République serait la constatation juridique de l'usurpation de pouvoirs commise par le Président du Conseil réfractaire (VEDEL, Dr. constit., 1949, p. 438).— HISTOIREa) HIST. RÉVOLUTIONNAIRE, empl. adj. et subst. [En parlant d'un prêtre] (Celui) qui avait refusé, pendant la Révolution, de prêter serment à la Constitution civile du clergé. Synon. insermenté; anton. assermenté, constitutionnel (v. ce mot B 5). Des prêtres et des évêques réfractaires accusés de conspiration (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 44). Louis XVI, très sincèrement catholique (...) ne voulut avoir pour aumônier qu'un réfractaire (Hist. univ., t. 3, 1967, p. 389 [Encyclop. de la Pléiade]). V. insermenté ex. de France.b) HIST. MILIT.♦ Conscrit réfractaire. Conscrit qui refuse de se soumettre au service militaire obligatoire. Mgr le duc de Berry fit relâcher six cents conscrits réfractaires (CHATEAUBR., Mél. hist., 1827, p. 123). Empl. subst. Poursuivre les réfractaires (Ac. 1835-1935).♦ Empl. subst. En 1941-44, sous l'occupation allemande en France, résistant qui refusait le travail obligatoire en Allemagne. Le stalag XII C, où, par un tour de force peut-être unique dans les annales de la captivité, des évadés et des réfractaires avaient réussi à occuper entièrement tous les services (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 128).2. P. ext. [En parlant d'une pers., d'une collectivité]a) Qui résiste à une marque d'autorité, à une décision imposée, à une influence, qui cherche à s'y soustraire. Être réfractaire à toute innovation. Mon rêve a toujours été de vous marier, Clotilde et vous; seulement, vous me paraissiez si froid, si peu empressé, si réfractaire (FEUILLET, J. de Trécœur, 1872, p. 36). En 1871 (...) la poste devint un service commun aux différents États, sauf pour le Wurtemberg et la Bavière, toujours un peu réfractaires à l'assimilation absolue (ALBITRECCIA, Gds moyens transp., 1931, p. 148).— Empl. subst. En général, littérature ou peinture, Théophile Gautier est un Français légèrement révolté, un réfractaire (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 6, 1863, p. 327). Réfractaire, s.m. Bohème, homme de talent qui regimbe à suivre les modes morales de son temps (DELVAU 1867, p. 416).b) Qui est incapable de comprendre (certaines disciplines). Synon. fermé (v. ce mot II B 1), (fam.; v. bouché II C). Odieuses suppositions, hypothèses invraisemblables, qui m'ont rendue réfractaire à l'arithmétique pour toute ma vie! (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 46).3. MÉD., PHYSIOL. Qui résiste (aux effets physiques, en particulier aux infections, aux maladies). Synon. immunisé, insensible. Organisme réfractaire à la contagion, à l'infection, à la maladie; animaux réfractaires à la peste. J'en prends des doses [d'arsenic] infiniment petites, et l'effet qui devrait s'ensuivre, si je n'étais pas réfractaire, serait de me faire respirer plus à l'aise (MÉRIMÉE, Lettres Viollet-le-Duc, 1864, p. 110).— En partic.a) [En parlant d'une affection, d'une maladie] ,,Qui ne réagit pas favorablement au traitement`` (MAN.-MAN. Méd. 1977). Anémie réfractaire (MAN.-MAN. Méd. 1977).b) ,,Qui ne réagit pas ou qui réagit peu à un stimulus physique, chimique ou de toute autre nature`` (MAN.-MAN. Méd. 1977).♦ Période réfractaire. ,,Temps qui s'écoule après le passage d'un influx nerveux et durant lequel la fibre nerveuse est inexcitable (...) ou moins excitable`` (THINÈS-LEMP. 1975). Voir COUFFIGNAL, Mach. à penser, 1964, p. 76.B. — TECHNOL., PHYS., CHIM. [En parlant d'un matériau] Qui est particulièrement résistant aux agents physiques ou chimiques, notamment aux températures très élevées. Argile, béton, brique, ciment, mortier, porcelaine, produit, terre réfractaire; réfractaire au feu. L'espace restant libre, et qui constitue le joint du fond, est ensuite garni de mortier réfractaire fortement argileux, qui est damé avec le plus grand soin (BARNERIAS, Aciéries, 1934, p. 169). [Le] foyer (...) qui ne comporte plus de grille, est pourvu d'un revêtement réfractaire rendu nécessaire du fait de la température très élevée de la flamme (BAILLEUL, Matér. roulant ch. de fer, 1951, p. 37).— Empl. subst. Matériau qui résiste à des températures supérieures à 1500° C. Il existe un grand nombre de réfractaires (BADER-TH. 1962).Prononc. et Orth.:[
]. Ac. 1694, 1718: re-; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. 1546 « difficile à soumettre, qui ne se laisse pas battre » (RABELAIS, Tiers Livre, XVIII, éd. M. A. Screech, p. 135); 2. a) 1587 « qui ne se soumet pas à une autorité, à une règle » réfractaire à (VIGNIER, Bibl. hist., III, 79 ds GDF. Compl.); spéc. b) 1792 prêtres réfractaires (MARBOT, Législ., 20 sept., Arch. Parl., 1re sér., t. L, p. 151, col. 1 ds BRUNOT t. 9, p. 895, note 6); c) 1816 conscrit réfractaire (COURIER, Pamphlets pol., Pétition aux deux Chambres, p. 7); 3. 1762 (Ac.: Réfractaire, en Chimie, se dit d'Une substance minérale qui ne peut point se fondre, ou qui ne se fond que très-difficilement); 4. 1764 « qui ne se laisse pas appréhender, qu'on ne peut intégrer à un système » (Ch. BONNET, Contempl. nat., XI, 3 [Œuvres, éd. 1779-88] ds LITTRÉ); 5. 1784 « réfractif » (BERN. DE ST-P., Ét. nature, t. 1, p. 42); 6. 1827 méd. « insensible à, qui ne peut être affecté par (une maladie) » (Encyclop. méthod. Méd. t. 12); 7. 1834 « insensible, inapte à comprendre ou apprendre » (BALZAC, Gaudissart, p. 5). B. Subst. 1. a) 1560 « celui, celle qui ne se soumet pas à une autorité, à une règle, rebelle » (Lettre du roi au Parlement ds CONDÉ, Mém., éd. Champollion-Figeac et Champollion fils, p. 552); spéc. b) 1791 « prêtre ou émigré qui ne se soumet pas au régime institué par la révolution » (Doc. Hist. Révol., Contr. Dir., p. 297 ds BRUNOT t. 9, p. 895); c) 1828 « celui qui se soustrait à la loi du recrutement » (ST-EDME t. 5); 2. 1956 « matériau réfractaire » (UV.-CHAPMAN). Empr. au lat. refractarius, -a, -um « intraitable, entêté », dér. de refringere, v. réfringent. Fréq. abs. littér.:373. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 154, b) 611; XXe s.: a) 487, b) 833. Bbg. DUB. Pol. 1962, p. 401. — RANFT 1908, p. 146. — Sculpt. 1978, p. 568.
réfractaire [ʀefʀaktɛʀ] adj.❖1 Qui résiste, refuse d'obéir, de se soumettre. ⇒ Désobéissant, rebelle, résistant. || Réfractaire aux ordres, aux volontés d'un chef, à l'autorité, à la loi… — Qui résiste à, est insensible à. || Réfractaire à l'émotion, au sentiment, aux influences… ⇒ Insensible (→ aussi Demander, cit. 16). — Absolt. Insoumis, rebelle. || Un être réfractaire et inutile (→ Illuminer, cit. 16).1 Marie n'était pas réfractaire à toute émotion esthétique; mais chez elle, comme chez beaucoup de Suisses, le sentiment de la beauté se confondait avec celui de l'altitude (…)Gide, Si le grain ne meurt, I, VI, p. 159.2 Un homme aux muscles puissants et un peu noués, qui pensait par courtes vérités sévères, un homme droit, fermé, sûr de soi, terrestre, réfractaire aux tentations angéliques de l'art, de la psychologie, de la politique, tout un homme, rien qu'un homme.Sartre, l'Âge de raison p. 126.♦ N. || Un, une réfractaire : une personne qui refuse d'obéir, de se soumettre. ⇒ Irréductible, rebelle, résistant.2 (1792). || Prêtre réfractaire, qui avait refusé de prêter serment à la constitution civile du clergé (1790). ⇒ Insermenté (par oppos. à assermenté, constitutionnel). — N. m. || Un réfractaire.♦ (1805). || Conscrit réfractaire, qui refuse de se soumettre à la loi du recrutement. ⇒ Insoumis (→ Bonapartisme, cit.). || Être porté réfractaire (→ Fascicule, cit. 1). — N. m. || Les réfractaires et les déserteurs (cit. 2) de l'armée de l'an VIII.3 (…) en 1793, âgé de seize ans, on l'avait mis au bagne comme réfractaire, et ferré avec un octogénaire, l'évêque de Mirepoix, réfractaire aussi, mais comme prêtre, tandis que lui l'était comme soldat.Hugo, les Misérables, III, III, III.4 Quand le sous-préfet l'a demandé en 1811, il s'est enfui dans les bois; réfractaire, quoi, comme on les appelait.Balzac, le Curé de village, Pl., t. VIII, p. 662.♦ Résistant (1941-1944) qui refusait le travail en Allemagne pendant l'occupation allemande. || Réfractaires au service du travail obligatoire (→ Maquis, cit. 3).3 (1762). Sc., techn. Qui résiste à…, n'est pas ou n'est que peu modifié par une action physique ou chimique. || Argile (cit. 1) réfractaire au feu. ⇒ Apyre.♦ Spécialt. Se dit des substances fondant aux températures les plus élevées. || Métaux réfractaires (tungstène, tantale). || Oxydes réfractaires (alumine, magnésie…). || Argile réfractaire; brique réfractaire. || Chemise, massif d'un four, en matériaux réfractaires (⇒ aussi Fourneau). || Terre réfractaire.♦ Fig., par plais. || Des haricots réfractaires, qui restent durs malgré la cuisson (→ Dur à cuire; et cuire, cit. 7).4 Physiol. Qui ne réagit pas à un stimulus. — Méd. || Maladie réfractaire, qui ne réagit pas aux traitements essayés. || Rendre réfractaire à une maladie (→ Inoculation, cit. 3). ⇒ Immunisé; immunité.❖CONTR. Docile, enclin, obéissant, sensible. — Fusible.
Encyclopédie Universelle. 2012.